Alors qu’idéologues et militants ont fait du service public leur plateforme de prédilection pour marteler un discours islamophobe qui ne se cache plus, le CJL était à la conférence annuelle de l’Organisation pour la Sécurité et la Cooperation en Europe (Human Dimension Implémentation Meeting) afin de mettre l’État français face à ses responsabilités et agir contre ses propres agents qui se font les porte parole des discours suprémacistes de droite comme de gauche.

Nous publions ici l’intégralité de son discours:

Yasser Louati:


“Nous voici une nouvelle fois à dénoncer les discriminations vécues par des millions de personnes à travers les pays membre de l’OSCE.

Malheureusement, ces pays représentés ici font preuve d’une telle mauvaise volonté, qu’on ne peut que parler d’une abdication au mieux, d’une complicité au pire.

En France, les discriminations ciblant celles et ceux qu’on appelle “les musulmans”, “les noirs”, “les roms” ne sont plus à prouver; une foison d’études publiées depuis les 15 dernières années n’ont cessé de démontrer la nature structurelle du racisme qui s’exprime par les discriminations à l’école, au travail, dans l’accès aux soins, à être harcelé par la police sur la voie publique, à la violence terroriste et, concernant les communautés musulmanes, à faire face à la violence de l’État sous couvert de lutte contre le terrorisme.

Parce que le racisme envers celles et ceux qu’on appelle “les musulmans” est devenu acceptable voir respectable pour certains, nous pointons du doigt la responsabilité de l’État  français qui choisit le mutisme lorsque ses agents font la promotion de la suprématie blanche (théorie du grand remplacement pour la droite, insécurité culturelle pour la gauche) et le terrorisme qui en découle comme à Christchurch.

Qu’on instrumentalise la lutte contre l’antisémitisme pour minimiser le danger de la suprématie blanche et mettre en confrontation juifs et musulmans est tout bonnement une honte

Lorsque le Ministre de l’Éducation nationale martèle son désir d’interdire aux femmes musulmanes portant un foulard le droit à l’éducation et au travail, ou lorsqu’un professeur les compare à des terroristes, il ne s’agit plus de liberté d’expression mais de l’usage de fonctions officielles pour faire des musulmans l’ennemi intérieur et donc à encourager le passage à l’acte contre eux.

Le CJL recommande donc que l’État français:

_Exige le devoir de neutralité auprès de ses agents pour ne pas promouvoir leur vision du monde. Le service public n’est pas censé être un réseau de promotion d’idéologies racistes.
_Démette de leurs fonctions tout agents appelant à la haine, à la violence ou à la discrimination.

_Conditionne l’attribution de subventions à la presse à la non propagation de messages racistes, et que les personnes condamnées par la justice pour de tels propos n’y aient plus accès. Les fonds publics ne peuvent pas servir à promouvoir le racisme et encore moins à financer une marche vers la guerre civile.”