Troisième extrait de l’intervention “Luttes contre toute domination, de la dénonciation à l’action”
J’ai commencé mon intervention en parlant du racisme qui est consubstentiel à la République parce que les idéaux républicains sont un mirage et que parce que la République est une promesse non tenue pour les minorités.
Il faut comprendre que ces dominations auxquelles on fait face aujourd’hui s’inscrivent dans une longue tradition républicaine de justification de la hiérarchie des races. Qu’on le dise ouvertement ou non.
Aujourd’hui l’islamophobie fait converger des acteurs de gauche comme de droite et le socle commun de leur idéologie, c’est la suprématie blanche.
Le pouvoir est détenu par des blancs, les lois sont votées par des blancs, les normes sont définies par des blancs, l’histoire est racontée par des blancs (qui sont toujours les gentils et les plus intelligents)…
Lorsque je dis blanc, je n’essentialise personne. Lorsque je dis “blanc”, je parle de la construction historique, politique et sociale d’un groupe dominant et qui justifie cette domination comme un dû.
Lorsqu’une femme blanche se convertit à l’islam, elle sort de ce groupe et se retrouve elle même victime de la suprématie blanche.
Demandez aux personnes qui se retrouvent discriminés dès qu’on découvre leur conversion à l’islam et vous comprendrez de quoi je parle.
Nous sommes aujourd’hui en 2019 et la bonne nouvelle, c’est que beaucoup refusent cette domination et le font savoir. Les crispations identitaires, sont certes due à la frustration de voir toute une série de dominations remises en questions mais aussi parce que beaucoup refusent de rester invisibles et d’être réduit (e)s au silence.
Une des raisons pour lesquelles le racisme est aujourd’hui de plus en plus violent, c’est parce que ce refus se fait entendre et que les populations racisées ne veulent plus qu’on les berce d’illusions.
Parce que les dominations structurent nos rapports en France, le statut quo, c’est que les dominés acceptent leur position inférieures. Mais ces injonctions ne sont plus entendues.
Beaucoup ont compris qu’ils ne seront jamais les égaux des blancs s’ils continuent d’attendre leur générosité.
Et c’est parce que les populations racisées sortent de l’ombre et prennent la parole, les figures tutélaires de l’antiracisme d’hier sont devenues leurs pires ennemis.
Parce que la domination est la norme, celui qui la questionne est accusé de vouloir des privilèges.