Jean Michel Blanquer comme le reste du gouvernement jouent avec nos vies

Alors que le Ministre de l’Éducation Nationale s’empresse de communiquer à tout va sur un hypothétique retour à l’école le 11 Mai pour les élèves dans l’espoir de parvenir à une immunité de groupe, Yasser Louati, président du CJL décortique cette notion et pourquoi ce plan de dé-confinement est irresponsable. Au même moment, l’entourage du Premier Ministre est stupéfait par les annonces faites en “solo” par Jean Michel Blanquer, ce qui démontre encore une fois que l’exécutif navigue à vue. De son côté, le conseil scientifique sur lequel Emmanuel Macron disait s’appuyer, avait fait savoir qu’il était favorable à une fermeture des écoles jusqu’au mois de Septembre tout en prenant acte de la “décision politique” de les ouvrir à partir du mois de Mai.

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Pour celles et ceux qui s’en souviennent, le 23 Mars dernier, le Ministre de l’Éducation Nationale Jean Michel Blanquer, avait déclaré que le retour en classe aurait lieu le 4 Mai alors qu’on venait de débuter le confinement. Puis il s’est aventuré à annoncer que le BAC 2020 passerait en contrôle continu sans même expliquer comment il allait palier aux problèmes de notation qui en résulteraient. Quant à celles et ceux qui auront passé une mauvaise année et espéraient pouvoir se rattraper lors des examens finaux, tant pis pour eux.

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Les déclarations du ministre, en avaient surpris plus d’un alors que même le chef de l’État ne semblait pas encore savoir combien de temps ce confinement allait durer.

Le voilà qu’il récidive le 22 Avril, cette fois pour annoncer sans sourciller que les enfants retourneront à l’école le 11 Mai alors que la veille la porte parole du gouvernement reconnaissait que “le plan de déconfinement n’était pas prêt”.

Bien sûr, il s’est montré prudent en parlant de “déconfinement progressif” et des classes réduites à 15 élèves. Mais alors, il aura fallu attendre une pandémie et 20 000 morts pour qu’on se décide enfin à réduire le nombre d’élèves par classe?

Jean Michel Blanquer reconnait donc sans l’admettre, que celles et ceux qui réclamaient la réduction du nombre d’élèves par classe, et par conséquent l’augmentation du nombre d’enseignants et de classes avaient raison. Ça veut dire que pendant tout ce temps là, lui et ses prédécesseurs auraient pu le faire mais avaient refusé pour des raisons idéologiques?


Gardez ça en tête pour le déconfinement. Les mesures d’austérité et les coupes budgétaires n’étaient ni nécessaires, ni inévitables.

“Le pari de l’immunité de groupe, c’est comme jouer aux dés avec la santé de la population”

Pr William Dab

Maintenant, puisque Jean Michel Blanquer semble encore être sûr de lui, allons jusqu’au bout de sa logique.

Des classes de 15 élèves ah bon? Le coronavirus se transmet par l’air, qu’on éternue ou non, qu’on tousse ou pas. Comment vont faire nos enfants pour éviter les contagions, dans des salles de classes où l’air n’est pas toujours renouvelé et dans lesquelles ils passeront des journées entières? Ce sera quoi le prochain communiqué? Que les enfants feront cour en plein air?

Blanquer parie donc sur l’immunité de groupe pour justifier cette déclaration intempestive et nous convaincre qu’un déconfinement aboutirait à une sortie de crise. Alors, ou bien Blanquer ne sait pas de quoi il parle, ou bien il sait pertinemment qu’il raconte des âneries et insulte l’intelligence des parents d’élèves.

Résultats d’une consultation sur la décision de la réouverture des écoles le 11 mai, largement diffusée du 17 au 23 avril, et qui a rassemblé plus de 22 500 votants.

Qu’est-ce que l’immunité de groupe ?

Déjà la propagation du Covid19 comme celle de tout autre virus est définie par trois critères:

  1. Le nombre de contacts
  2. La contagiosité
  3. La durée de la période de cette contagiosité

Selon les projections de l’Institut Pasteur en collaboration avec le CNRS, l’INSERM et l’agence Santé Publique Publique, lorsque certains accepteront d’envoyer leurs enfants à l’école le 11 Mai, moins de 6% des Français auront été infectés par le COVID19. Le gouvernement table donc sur un déconfinement à partir du 11 Mai pour que plus de français soient exposés au coronavirus et donc finissent par développer une immunité de groupe. En d’autres termes, en sortant du confinement, plus nous serons exposés au coronavirus, plus nous serons immunisés.

Je vous entend déjà dire “non mais ça pas, combien de gens vont mourir”… Attendez moi donc, soyons en désaccord sur une base factuelle et non idéologique ou politique.

En théorie, exposer le plus grand nombre au coronavirus pour aboutir à une “immunité de groupe”, est une bonne idée mais il y a deux problèmes qui se posent:

Premièrement: le problème du COVID19 c’est qu’il est hautement contagieux, qu’il a déjà provoqué la mort de plus de 170 00 personnes à travers le monde, dont plus de 20 000 en France.

Deuxièmement: Pour que cette “immunité de groupe” soit suffisante, il faut qu’environ 60% de la population soit immunisée.

Vous l’aurez deviné, plus on expose la population à un virus hautement contagieux et mortel, plus il y aura de personnes contaminées et plus il y aura de morts.

Et avant même d’en arriver à considérer l’idée d’une immunité de groupe comme sérieuse, prenons ce que Marc Lipsitch, professeur d’Epidemiologie à la faculté de médecine de Harvard:

“Il existe de nombreuses incertitudes sur la façon dont le système immunitaire humain réagit au COVID-19 et ce que cela signifie en terme de propagation de la maladie. En l’absence de données claires, les scientifiques peuvent utiliser les connaissances actuelles sur le fonctionnement du système immunitaire et sur les virus liés au COVID-19.”

Le professeur Lipsitch, continue et parle d’une «supposition éclairée», selon laquelle, la plupart des gens développeront une sorte de réponse immunitaire après l’infection, certains mieux que d’autres, et que la protection pourrait durer environ un an.

Mais il faut répondre à de nombreuses questions, notamment sur le nombre de cas réels de COVID-19 (…) le risque de réinfection (…) et la question de savoir si les infections conduisent ou non à une «immunité collective»”

Donc, au stade où nous en sommes, on se pose déjà la question sur les risques de rechute après avoir été guéri du COVID19 si on n’est pas déjà mort, et ne sait pas si ces infections conduisent à une immunité de groupe si un grand nombre a été contaminé.

Pour reprendre les chiffres publiés par Neil Ferguson épidémiologiste à l’Impérial College de Londres: une personne infectée par le COVID19 transmet la maladie à entre 2,4 et 2,6 autres personnes. Concrètement, si quelqu’un a contracté le virus et interagit avec 100 personnes, et c’est tout à fait possible si on compte les collègues du travail, les passagers dans les transports en commun et le public au supermarché, cette personne en infectera entre 24 et 26 autres. Cet indice de contagion, c’est ce qu’on appelle le R0.

Pour que l’immunité de groupe soit effective, il faut donc que non seulement 60% de la population soit exposée au virus mais que l’indice de contagion passe de 2,4-2,6 à moins de 1, ce qui voudrait dire qu’une personne contaminée contaminerai moins de 1 personne, et donc, que la fameuse courbe, s’inverserait. C’est pour ça que la grippe, avec son indice de contagion de 1,3 est beaucoup plus “facile” à contenir que le coronavirus.

Pour le virologue Marc Wathelet, qui est spécialiste des coronavirus humains, faire cela, nécessiterait d’hospitaliser 12-14% de la population, ce qui est impossible avec le nombre de lits disponibles en soins intensifs.

Des morts par centaine de milliers pour une théorie non prouvée ?


Avec cette injonction de sortir du confinement le 11 Mai, Jean Michel Blanquer qui ne fait qu’emboiter le pas à Emmanuel Macron, parie avec la vie de nos enfants pour tenter de voir si oui ou non, le déconfinement aboutirait à une “immunité collective”. Ce pari est une pure folie qui conduira à la mort de centaines de milliers de personnes avec une explosion du taux de contagion en un temps très court. Ce n’est pas moi qui le dit, je ne fais que relayer la parole des virologues cités plus tôt.

La Grande Bretagne et les Pays y avaient déjà songé et se sont ravisées. Pourquoi? Parce que leurs conseillers les ont avertis que parier sur l’immunité de groupe, c’était prendre le risque de provoquer la mort de centaines de milliers de personne sans aucune garantie que cette immunité de groupe émerge et que si elle émerge, elle soit assez stable dans la durée.

“Je lis avec effroi que certains pays européens feraient le pari qu’une immunité collective puisse se développer quand 60 à 70% de la population a été infectée, permettant au virus de disparaître faute de trouver de nouvelles personnes à infecter. Suivre cette stratégie serait une erreur monumentale.”

Marc Wathelet, Docteur en science, spécialiste des coronavirus humains

Pour citer le Pr William Dab, épidémiologiste et ancien directeur général de la Santé, “Le pari de l’immunité de groupe, c’est comme jouer aux dés avec la santé de la population” et il continue en prévenant que “On ne sait pas si les anticorps produits après l’infection sont protecteurs. On a quelques raisons de le penser, mais on ne sait pas combien de temps et on ne sait pas où, quand, comment, le virus va muter.” Et le Pr Dab ne croit pas si bien dire comme on le verra un peu plus tard quand on abordera la question de la mutation du virus.

Quant à celles et ceux qui ont été contaminés et sont guéris, on ne sait absolument pas combien de temps leur immunité va durer. Le 10 avril dernier déjà, la Corée du Sud qui était pourtant en pointe dans la gestion de l’épidémie sur son territoire, avait annoncé que 51 malades du coronavirus déclarés guéris avaient fait une rechute et sont donc à nouveau infectés par le virus. Et il en va de même au Japon et en Chine qui ont aussi déclaré des cas similaires.


Mutation du virus

Je ne vais ni me substituer aux professionnels de la médecine et encore moins aux chercheurs. Mais, et je dis bien “Mais”, dans un papier qui n’a pas encore été revu par ses pairs, le Pr Li Lanjuan, de l’Université du Zheijang, une des plus prestigieuses en Chine, a annoncé que le Covid19 a déjà muté au point d’augmenter sa pathogénicité, c’est à dire, sa capacité de causer une maladie.

Le professeur et son équipe en sont déjà à 30 mutations différentes du coronavirus, dont la moitié étaient encore inconnues jusque là plus. Pire encore, ces mutations aboutissent à des versions plus violentes du coronavirus et les plus virulentes sont les souches identifiées ici en Europe. Toujours selon le Pr Lanjuan, ces mutations vont donc influer compliquer le développement de médicaments et de vaccin.

On est donc sur le continent où se trouve la souche la plus virulente et Jean Michel Blanquer veut parier sur une hypothétique immunité de groupe avec la vie de nos enfants.

Quant à celles et ceux qui citent la Chine comme exemple

Bon, pour commencer la Chine dit avoir vaincu le coronavirus grâce à son confinement radical et sa surveillance de masse. On sait désormais que c’était du flan et qu’il n’en est rien.

C’est désormais établi, la Chine a caché le déclenchement de l’épidémie et a même emprisonné les médecins qui ont lancé l’alerte, je le rappelais lors de mon podcast précédent et je salue une nouvelle la mémoire du Dr Li.

Le Dr Li Li Wenliang fut parmi les premiers à alerter le monde sur les dangers du #coronavirus. Après avoir été emprisonné par le régime chinois, il est mort après avoir contracté le virus.

Après avoir caché l’épidémie et la dangerosité du virus, elle a aussi menti sur ses propres chiffres. La Chine a tellement menti que le premier Ministre britannique Boris Johnson s’est déclaré être furieux contre la Chine et l’a menacée de représailles pour sa gestion du coronavirus et les mêmes accusations ont été lancées par le renseignement américain. Si je m’en tiens aux chiffres britanniques, les victimes chinoises du COVID seraient 40, je dis bien 40 fois plus nombreuses que celles déclarées par le régime chinois.

La Chine a beau fanfaronner sur les réseaux sociaux par la voix de ses trolls et bots dans les ambassades, on sait désormais qu’elle est train de remettre des villes en quarantaine à cause des nouveaux départs d’épidémie. Même à Wuhan, point de départ de la pandémie, des émeutes ont éclaté à cause de la levée du confinement et du retour forcé au travail.


Le MEDEF en embuscade

Je sais que nous sommes face à un choix cornélien: la vie ou l’économie

Mais ce monde ou il faut choisir entre l’un et l’autre, c’est vous qui l’avez bâti. C’est vous qui avez avancé l’idée que les marchés étaient la solution à tout et au nom de la suprématie du marché, vous avez délocalisé, sous traité à l’autre bout de la planète pour faire travailler des enfants et les habitants du tiers monde pour gonfler vos marges grâce aux bas salaires. Cette course effrénée à la croissance infinie dans un monde fini, la réduction de notre travail à de simples coûts qu’il faut comprimer pour permettre l’augmentation des marges et des dividendes, c’est vous qui l’avez choisie pas nous. Nos vies sont tellement devenues des marchandises que dans ce monde d’avant la crise du coronavirus, même la pénurie des médicaments avaient organisée en délocalisant en Inde et avec la complicité de l’État, on a appliqué à la santé le “lean management” qu’on applique dans l’industrie automobile.

L’État s’est mis à votre service au point que son souci, ce n’est pas la vie des citoyens mais les actionnaires et leurs gains. La suprématie du marché a fait que ni la France, ni l’Europe se sont capables de fabriquer leurs respirateurs ni leurs propres masques. Cette suprématie du profit a rendu justice à l’île de Cuba communiste qui a volé au secours de l’Italie, membre de l’Union Européenne capitaliste, pendant que d’autres pays membres lui volaient ses cargaisons de masques.

Non je ne retournerai pas travailler et je n’enverrai pas mon enfant risquer sa vie pour faire redémarrer VOTRE économie. Votre monde est en train de s’effondrer sous nos yeux et on n’enverra pas nos enfants pour le sauver.

Cette crise révèle que c’est nous qui sommes indispensables et c’est vous qui êtes remplaçables. Et si, pensant que les travailleurs sont vos chiens à qui il faudrait mettre des “coups de collier” comme l’a dit cette infâme vice président du MEDEF, je vous répondrai comme l’a dit Emmanuel Macron que vous avez porté au pouvoir “venez me chercher”.

C’était Les Idées Libres, de Yasser Louati avec vous depuis la banlieue sud de Paris

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